AMO : LA 1ÈRE PARTIE DU CHANTIER DE LA GÉNÉRALISATION COÛTERA 13,8 MDS DE DH

Les chiffres présentés par Mohamed Benchaâboun relatifs aux indicateurs macroéconomiques donnent froid dans le dos. Les prévisions de la croissance ont été revues à la baisse de 0,8 point et le chômage grimpera pour atteindre 13%. L’exercice de la préparation du PLF 2021 s’annonce bien compliqué avec des projections imprévisibles.

Dans une conjoncture, que le moins que l’on puisse qualifier de catastrophique, le ministre de l’Economie et des Finances a présenté ce lundi 28 septembre devant la commission des finances et du développement économique à la première chambre l’exécution du budget de l’année 2020, la présentation du projet de loi des finances 2021 ainsi que la programmation du budget pour les 3 prochaines années.

L’exercice est d’autant plus compliqué cette année eu égard aux défis majeurs à relever face à une crise sanitaire qui n’a pas encore livré tous ses secrets. En effet, la pandémie vient de se greffer à la sécheresse, un problème structurel de notre économie.

En effet, avec des ponts de l’économie en arrêt total ou qui tournent au ralenti associé à un manque total de visibilité sur le développement de l’épidémie qui pilote désormais toutes les décisions publiques, ce n’est pas à l’équilibriste que le ministre de l’Economie est appelé à jouer mais plutôt à l’improvisateur. Baser les projections économiques sur des indicateurs qui changent d’une semaine à l’autre, c’est une donne à laquelle l’Exécutif doit faire face.

Tous les indicateurs plongent

En effet, après 7 mois de pandémie, les chiffres révélés par Mohamed Benchaâboun donnent froid dans le dos. Ils montrent aussi la fragilité de notre économie qui a subi un coup dur et la vulnérabilité du tissu économique marocain. Résultats, tous les indicateurs sont au rouge. Preuve en est, en moins de deux mois après l’adoption de la loi de finances rectificatives 2020 en juillet, le gouvernement a dû revoir à la baisse de 0,8 point les prévisions de la croissance économique pour 2020  en raison de l’aggravation de la situation de trois moteurs de la croissance à savoir le tourisme avec une baisse de la valeur ajoutée de 50% contre -27% ; du transport avec une baisse de 12% contre 6,9% ainsi que le commerce avec une baisse de 9,1% contre -8%.

Mais ce n’est pas tout. Le chômage enregistre également une aggravation alarmante avec une augmentation de 4,2 points portant le taux de chômage à 12,3%.

Plus de 589.000 personnes ont perdu leurs emplois entre les deux semestres de 2019 et 2020 à cause de cette pandémie. Pis, l’hémorragie va s’aggraver. Sur la base d’une baisse attendue de 5% du produit intérieur brut, il est prévu qu’environ 227.000 emplois seront perdus dans le secteur non agricole et 78.000 dans le secteur agricole, ce qui porterait le taux de chômage à 13% par rapport à 9,2% enregistrés en 2019.

Il est clair que le tableau se noircit de plus en plus. Compte tenu de l’évolution épidémiologique, le ministre des Finances ne cache pas que le cadre macroéconomique de 2021 connaitra une détérioration comparativement aux premières prévisions et l’année dernière.

Une économie sous perfusion

L’année 2021 s’annonce bien plus compliquée que prévu. Et pour cause, toute projection reste tributaire de l’évolution de la pandémie qui à son tour reste imprévisible.

Comment imaginer une relance de l’économie nationale dans ce contexte d’incertitude et de marasme économique ? Tout l’enjeu de ceux qui nous gouvernent est de relever les nombreux défis d’ordre économique, sanitaire et social.

Mais pas que. Le gouvernement a du prendre en compte au moment d’élaborer le PLF 2021, les orientations de SM le Roi relatives à la relance économique qui reposent sur 3 axes à savoir : lancement de la première phase du chantier de la généralisation de la protection sociale, lancement d’une feuille de route pour la relance économique ainsi que le lancement d’une réforme profonde du secteur public.

Concernant la généralisation de la couverture sociale qui a été érigée en priorité nationale, le ministre de l’Economie et des Finances a dévoilé le coup de la 1ère phase de ce chantier stratégique qui démarre à partir de janvier 2021.

Ainsi, durant 2 ans, entre 2021 et 2022, le ministère prévoit une enveloppe de 13,82 Mds de DH dont 5,36 Mds de DH dans le cadre du système solidaire et 8,46 Mds de DH sera financé par l’Etat dans le cadre du système non solidaire. Il sera question de mobiliser 4,2 Mds de DH pour l’année 2021 et 4,2 Mds de DH dans l’exercice de 2022.

Concernant le chantier de la relance économique post-crise, le ministre a rappelé la convention de relance économique signée avec la CGEM ainsi que la signature d’un plan de relance pour le secteur du tourisme. Benchaâboun a précisé que d’autres conventions relatives à d’autres secteurs seront signées prochainement et qui permettront aux secteurs les plus affectés de maintenir la tête hors de l’eau.

Aussi le ministre a précisé qu’il va falloir prévoir une enveloppe de 10 Mds de DH consacrée pour la mise en place de mécanismes de garantie au profit des entreprises privées les plus touchées par la crise.

Quant aux entreprises du secteur public, beaucoup ont également été frappées de plein fouet par la crise pour ne citer que la RAM.

Ainsi l’Etat a prévu un budget de 1,7 Md de DH du budget de 2021 en plus de 700 MDH débloqués en 2020. Une annonce qui n’a pas laissé les députés indifférents puisque beaucoup ont dénoncé la politique de licenciement des pilotes  de la RAM qui va à l’encontre du principe même de soutien des entreprises qui consiste à préserver le maximum d’emplois.

Lamiae Boumahrou – 28 septembre 2020 – EcoActu
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