Les primes émises par l’ensemble des entreprises d’assurance et de réassurance se sont limitées à 2,47 MMDH à fin août 2020, en baisse de 17% par rapport à une année auparavant. Une tendance qui rompt avec la reprise enregistrée après l’annonce du déconfinement. Certains courtiers pointent du doigt l’explosion des impayés durant cette période marquée par la crise sanitaire.
Camouflet pour le secteur des assurances. La reprise de l’activité initiée au cours du deuxième trimestre s’est rapidement tassée à la fin de l’été. Selon l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), les primes émises à fin août se sont limitées à 2,47 MMDH, en retrait de 17% par rapport à la même période de l’année précédente. Un repli essentiellement dû à la chute des assurances vie et capitalisation. Les émissions de ce segment se sont établies à 1,19 MMDH, en recul de 31,2% en glissement annuel.
Dans le détail, les primes d’épargne se sont chiffrées à 958,9 MDH seulement, soit une baisse de 37,3% sur la même période. Seuls les primes décès et les contrats à capital variable (UC) se sont illustrés à la hausse avec, respectivement, +9,5% et +18,6%, mais ils n’ont pu contenir la chute des primes d’assurance. «Il y a généralement une baisse de régime qui s’opère au mois d’août comparativement aux mois de juillet et juin. Ce mois correspond aux grandes vacances. C’est une période de frénésie et de dépenses, le client n’est pas trop enclin à l’épargne durant celui-ci», nous explique un courtier d’assurance. Pour ce qui est de la branche «Assurances non-vie», celle-ci s’est chiffrée à 1,27 MMDH, en légère progression de 2,7%. D’un mois à l’autre, la nouvelle garantie «Événements catastrophiques» a enregistré un volume de 24 MDH contre 48,2 MDH en juillet. Pour les autres composantes de la branche, les progressions annuelles ont été très disparates. Les primes de risques techniques se sont bonifiées de 158,8%, passant en une année de 7,2 MDH à 18,6 MDH.
Les primes d’accidents corporels se sont appréciées de 16,5%, soit des émissions de l’ordre de 349,6 MDH, dont 289,1 MDH de primes maladies. Le segment «Transport» a également enregistré une amélioration au terme du mois d’août. Les primes le concernant ont affiché une progression de 12,3% pour un volume de 29 MDH. Toutes les autres composantes ont emprunté le chemin de la baisse. Les émissions relatives à l’assurance automobile ont affiché une baisse de 1% à 700,4 MDH, impactées par le recul de 3,2% de la responsabilité civile automobile. Les primes «Assistance-crédit-caution» se sont de leur côté repliées de 28,6%, au moment où celles relatives à l’incendie se sont dépréciées de 28,6%. En cause, les impayés qui se sont accrus en cette période de crise.
«Les intermédiaires sont généralement les premiers à devoir faire face au risque de non-recouvrement», explique ce courtier.
Ils doivent assurer un suivi régulier de leur portefeuille et tout faire pour éviter cette issue. «Le suivi et les relances nous prennent beaucoup de temps et cela représente un coût non négligeable», remarque ce dernier. Dans ce sens, et dans les conditions particulières marquées par la crise sanitaire, la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) et la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance au Maroc (FNACAM) se sont mobilisées pour apporter un soutien financier aux intermédiaires fragilisés par la pandémie. Cette mesure d’urgence s’est déjà matérialisée par l’activation d’une ligne de crédit par les entreprises d’assurance destinée aux agents généraux qui en font la demande (pratiquement 1.270 agents dont le chiffre d’affaires en commissions est inférieur à 1 MDH). Dans cette lignée, des prêts à taux réduit ont été mis à la disposition par la FMSAR des courtiers d’assurance qui réalisent un chiffre d’affaires en commissions inférieur à 1 MDH par an, soit environ 280 courtiers. Ces prêts sont destinés à couvrir leurs charges d’exploitation durant cette période, leur permettant ainsi de payer les salaires de leurs collaborateurs, de préserver leur viabilité et d’assurer la continuité du service à leur clientèle. À cela s’ajoute un don d’un montant forfaitaire de 12.000 DH accordé aux agents généraux et aux courtiers les plus touchés par la pandémie du coronavirus figurant sur la liste des 700 plus petits intermédiaires en termes de chiffre d’affaires. Sont exclus de cette subvention les courtiers et agents en activité depuis plus de dix ans et ceux en litige avec les entreprises d’assurance partenaires. Cette mesure d’accompagnement vient renforcer les autres mesures de soutien du réseau de distribution mises en place depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, dont celle qui consiste à octroyer un prêt à taux bonifié équivalant à 3 mois de frais généraux, plafonné à 100.000 DH.
Les placements également à la peine
D’autre part, l’encours des placements affectés se sont établis à 170,37 MMDH à fin août 2020 contre 168,25 MMDH un mois auparavant. Les actifs de taux, qui représentent une part de 51,7%, totalisent un encours de plus de 88,08 MMDH, suivis des actifs actions avec une part de 42,5% et un total de 72,42 MMDH. Ces placements affichent toutefois des dépréciations respectives de 0,3% et 0,2%. Seul le reste des actifs (2,2%) a pu contenir le repli des placements avec une progression de 3,1%. «La situation financière de plusieurs sociétés s’est relativement dégradée cette année en raison de la survenue de la crise sanitaire liée à la Covid-19, leur valeur en Bourse s’est par conséquent nettement dégradée. Le secteur devrait enregistrer des résultats financiers en baisse à la fin de l’année», remarque un assureur. La capacité bénéficiaire des sociétés cotées au terme de ce premier semestre 2020 s’est creusée de 49,8% à 7,96 MMDH. Le MASI a perdu plus de 16,5% de sa valeur à fin juin. La contre-performance annuelle s’est creusée à 17% à fin août 2020.
Aida Lo / Les Inspirations Éco – 13/10/2020