- Le chiffre d’affaires du secteur progresse de 0,2% à fin août
- La rentabilité a, en revanche, été réduite de 25% à fin juin
S’il affirme que les compagnies ont subi des impacts négatifs de la pandémie du covid-19, Hassan Boubrik, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) invité au Club de L’Economiste, assure que «le secteur s’est globalement montré résilient durant cette période». Il en veut pour preuve une activité en stagnation dans un contexte difficile. A fin août, le chiffre d’affaires du secteur affiche même une très légère hausse de +0,2% (chiffres provisoires). Il est porté par la branche non-vie qui progresse de 1,2% alors que la branche vie, elle, recule de 2%. «Cette baisse des primes vie, constatée en août, est due à une ou deux opérations particulières qui ont eu lieu l’année dernière», justifie le régulateur des assurances qui soutient que sans ces opérations ponctuelles, l’ampleur du recul du segment vie n’aurait pas été aussi importante.
Pour ce qui est des autres principaux postes de l’activité, Boubrik parle d’une baisse de 0,8% de l’assurance automobile avec une régression de 2% de la RC (responsabilité civile), une hausse de 3,6% des accidents corporels et de 3,5% de la maladie ainsi qu’une augmentation des AT (accident de travail) de 2,4%. Les craintes de voir le volume du marché fortement baisser au début de la pandémie ont ainsi été balayées. «Nous devons, cependant, rester vigilants car les effets de la Covid sur les entreprises devront se faire ressentir de manière beaucoup plus importante dans les prochains mois», soutient le patron de l’Acaps. Et d’ajouter: «nous pouvons nous attendre à des difficultés, à partir de l’année prochaine, notamment sur l’assurance maladie, les accidents corporels, l’AT avec des baisses de la masse salariale déclarée… ainsi que sur d’autres assurances autres que les assurances de masse». Le régulateur n’exprime pas d’inquiétude pour l’assurance automobile. «Si la croissance du marché ralentit, il n’y aurait probablement pas de décélération importante du volume des primes en 2021».
Si la Covid n’a que peu ébranlé l’activité des compagnies, les effets de la pandémie se sont davantage fait ressentir au niveau de la rentabilité. A fin juin 2020, les bénéfices réalisés par le secteur ont été réduits de 25%. Ils sont passés de 2,5 milliards de DH à fin juin 2019 à 1,9 milliard de DH à fin juin 2020. Un repli qui incombe principalement au recul du résultat net d’un des principaux acteurs du marché. Plus globalement, le régulateur justifie l’ampleur du repli des résultats par la baisse de l’activité des marchés financiers. Compte tenu de la forte contreperformance de -17% du Masi à fin juin, l’impact a été lourd sur les compagnies d’assurances. Ainsi les plus-values latentes qui constituent généralement un matelas important pour les assureurs pour servir les taux de rendement aux assurés se sont réduites de moitié. «Elles sont passées d’un peu plus de 30 milliards de DH à près de 15 milliards entre décembre 2019 et juin 2020», constate le président de l’Acaps. Cette érosion de 15 milliards de DH des plus-values latentes est due à la baisse de la valeur des portefeuilles actions des compagnies. Ceci dit, Boubrik, optimiste, assure que «les assureurs ont les reins solides et disposent des matelas nécessaires pour traverser cette période difficile». Il estime qu’ils pourraient retrouver des niveaux antérieurs de plus-values latentes dès 2021. A ce titre, le régulateur confie à L’Economiste qu’il envisage d’accéder à la demande des compagnies relative à l’étalement de la consommation de la plus-value dégagée dans un exercice à 6 ans au lieu de 3 actuellement. L’objectif est de constituer des réserves de plus-values plus importantes dans les portefeuilles et de lisser dans le temps la rentabilité et le taux qu’ils ont servi dans les contrats à capital.
Moulay Ahmed BELGHITI | Edition N°:5865 Le 15/10/2020 –