Assurance des pertes d’exploitation : un modèle calqué sur les Cat Nat n’est pas à exclure

Face aux pertes colossales engendrées par la crise sanitaire de la Covid-19 pour des pans entiers de l’économie, il est temps que le secteur des assurances réfléchisse aux contours d’un dispositif pour la couverture des pertes d’exploitation.

A l’instar des autres secteurs, celui des assurances a été secoué par la crise sanitaire. Les familles de produits affectées varient d’une compagnie d’assurance à l’autre, mais globalement les chiffres publiés par l’ACAPS laissent apparaître que les effets de la crise sur le secteur de l’assurance sont principalement liés à la baisse du chiffre d’affaires et des produits financiers. Et par ricochet, sur les résultats aussi bien techniques que non techniques.

Ajoutons à cela l’augmentation du nombre de rachats de l’épargne qui au fil des mois s’est atténué probablement grâce à une reprise de confiance des assurés.

Primes émises au titre du mois de novembre 2020

Source : ACAPS

A cet égard, au lendemain de la pandémie marquée par un confinement voire un arrêt brutal d’activité pour une frange importante du tissu économique, le régulateur a joué au sapeur-pompier en modifiant de manière transitoire certaines dispositions prudentielles, notamment celles ayant trait au risque du marché financier et au risque d’impayés. Le but étant d’aider les compagnies d’assurance à maintenir leur position d’investissement à moindre coût en matière de capital et de provisions et du coup, renforcer la résilience du secteur face aux chocs causés par la situation actuelle.

Interrogé sur l’enjeu de ces mesures, un responsable au sein d’une compagnie d’assurance répond : « Ces mesures de court terme, adoptées pour amortir l’impact du crash boursier sur le bilan des compagnies d’assurance et éviter un mouvement de panique, sont donc assurément bénéfiques mais leur portée est très limitée dans le temps ». Et d’ajouter : « Le marché a sollicité l’ACAPS pour se pencher sur des mesures supplémentaires permettant de maîtriser l’impact de la crise sur le moyen et le long termes. Des discussions sont notamment actuellement en cours sur la nécessité d’allonger la durée maximale de distribution des provisions pour participation aux bénéfices, actuellement fixée à 3 ans uniquement ».

Au-delà de l’impact de la crise sur le secteur, cette dernière a fait surgir un besoin crucial chez les entreprises notamment du secteur du tourisme, des activités annexes et autres… qui malheureusement n’est couvert par aucune police d’assurance.

Ces risques non assurables !

En effet, bien qu’elle ne soit pas propre au Maroc, la non couverture de certains risques n’a pas permis aux compagnies d’assurances de soutenir certains assurés en cette période inédite. A ce titre, il est utile de rappeler le rôle que jouent les compagnies d’assurance pour financer et accompagner la croissance économique. En dehors même de la charge médicale liée à la pandémie, la perte d’exploitation est un risque qui n’est toujours pas assurable. «L’interruption d’activité et l’annulation d’évènements figurent parmi les risques principaux auxquels les professionnels n’ont pas pu faire face, en raison de l’absence et/ou de la rareté de couvertures pour ce type de risques, même à l’échelle internationale. Ceci-dit, d’autres mécanismes peuvent voir le jour comme la mise en place de pools de couverture de pandémies », explique un assureur.

Ce type d’assurances permet à l’entreprise de compenser les effets de diminution du chiffre d’affaires et de faire faces à ses charges fixes en couvrant les frais généraux. Mieux encore, elle permet de replacer l’entreprise dans la situation financière qui aurait été la sienne si le sinistre n’avait pas eu lieu. L’assureur et les experts spécialisés recherchent aussi des solutions pour que l’activité reprenne dans les meilleurs délais.

La crise est toujours là et avec l’apparition de nouvelles variantes de la Covid-19, personne ne sait de quoi demain sera fait. Les compagnies d’assurances et le régulateur ne doivent pas dormir sur leurs lauriers. Comme ne cesse d’alerter l’OMS, d’autres crises sanitaires ne sont pas à exclure. Le régulateur en est bien conscient. Dans une interview accordée à EcoActu.ma, Hassan Boubrik soutient qu’« Il faut d’ores et déjà, à l’image des Cat Nat, réfléchir à des mécanismes impliquant l’Etat, le secteur des assurances et la réassurance internationale pour apporter des solutions de couvertures adaptées à l’avenir ».

Encore faut-il que cela ne prenne tout le temps qu’a nécessitée la mise en place du FSEC (Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques).

Soubha Es-Siari  – 05 février 2021 – EcoActu

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