L’entrée en vigueur de l’assurance Takaful va permettre aux banques participatives de renforcer leur activité. Mais l’écosystème n’est toujours pas complet, d’après Fouad Harraze, expert en finance participative.
Le secteur de la finance participative se réjouit de la récente entrée en vigueur de l’assurance Takaful qui était tant attendue depuis quelques années.
La circulaire portant sur l’application des dispositions du Code des assurances relatives à l’assurance Takaful est en effet entrée en vigueur le 25 octobre dernier, suite à la publication de l’arrêté du ministère de l’Economie et des finances au Bulletin officiel portant son homologation.
Le Conseil de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) a octroyé trois agréments pour pratiquer des opérations d’assurance Takaful. D’autres demandes seront examinées dès leur réception, d’après un communiqué.
Joint par LeBoursier, Fouad Harraze expert en finance participative nous indique que « les accords commencent à être octroyés. Il y a tout un processus à suivre, mais c’est une question de quelques semaines. Dans tous les cas, l’entrée en vigueur de l’assurance Takaful est une très bonne nouvelle pour le secteur. Cela va appuyer encore plus la finance participative pour aller chercher des clients qui étaient un peu réticents à l’idée de prendre un financement sans Takaful ».
« Cette nouvelle solution permettra de renforcer l’activité financement mais aussi l’activité de dépôt. Avec Takaful, la banque participative peut offrir des produits d’épargne rémunérés. Cela va donc attirer les clients qui cherchent un rendement pour leur épargne et surtout pour l’épargne de longue durée pour par exemple l’éducation des enfants ou la retraite, etc », ajoute-t-il.
La demande est déjà présente. L’assurance Takaful permettra de la canaliser. « Le fait d’avoir cette assurance va augmenter nécessairement les chiffres liés à l’évolution de l’activité. On avait observé une réticence chez des clients qui voulaient opter pour ce type de financement mais qui attendait l’assurance. On anticipe maintenant un impact très positif sur l’activité n termes de chiffres. De plus, cette solution va permettre aussi de sécuriser le portefeuille, pour éviter des situations qui pourraient être compliquées, aussi bien pour les clients que pour les banques participatives ».
Quid de Sharia Compliant ?
La mise en place de l’assurance Takaful est un grand socle qui permettra de développer cette industrie. Mais, l’écosystème n’est toujours pas complet.
A rappeler que le système de la finance participative est censé comprendre trois compartiments : celui des banques, l’assurance takaful et le marché des capitaux. Ce dernier inclut entre autres, les Sukuk et les fonds d’investissements « Sharia Compliant ».
Notre interlocuteur nous indique que le volet Sharia Compliant n’est toujours pas débloqué. « Pour le moment ce mécanisme n’est toujours pas mis en place. Mais, je pense que ça devrait se faire prochainement. L’arrivée de Takaful devrait faciliter sa mise en place, dans le sens où les compagnies Takaful vont devoir investir leur fonds. Elles devraient investir dans des actifs qui sont conformes aux recommandations du CSO (Conseil Supérieur des Oulémas, ndlr). Le fait d’avoir des compagnies et des fonds Takaful va mettre plus de pression pour qu’il y ait un indice Sharia Compliant qui soit conforme aux recommandations du CSO. De plus, cette solution n’est pas compliquée à mettre en place. Elle ne devrait pas prendre beaucoup de temps ».
L’écosystème de la finance participative attend que « la partie investissement et activité du marché d’une manière générale soit finalisée. Un indice Sharia Compliant est très important pour développer l’écosystème. Il y a un grand besoin dans ce sens de la part des entreprises qui souhaitent avoir des solutions totalement conformes ».
« Il faut parler également des Sukuk. On a eu les Sukuk de l’Etat mais on n’a plus rien vu. Il y a des textes législatifs qui doivent être adaptés soutenir ce mécanisme. On voit que sur l’échelle mondiale, c’est la partie Sukuk qui est la plus dynamique », souligne-t-il.
A rappeler que la première émission de sukuk souverains, d’un montant de 1 MMDH, a eu lieu le vendredi 5 octobre 2018.
Notre interlocuteur trouve que « l’on a privilégié les particuliers à travers la banque de détails et Takaful, maintenant il faut accompagner les entreprises qui souhaitent faire fonctionner leur entreprises selon leur conviction. Certes, on sert les entreprises à travers la banque de détail mais d’une manière plus timide. On doit leur donner une opportunité pour se développer davantage. Plus ces entreprises ont accès au financement facilement, plus elles vont créer de la valeur et elles vont renforcer la dynamique économique du pays ».
M.Ett | Le 13/12/2021 –