La branche automobile est en sursis. Elle est gangrénée par une fraude qui prend des dimensions industrielles et qui est fragilise financièrement par la dégradation du ratio combiné. Cet article est une revue de presse tirée du journal Les Inspirations ÉCO.
A priori, les primes de l’assurance automobile se portent bien. Dans son édition du 10 février, Les Inspirations ÉCO rapporte qu’elles se sont établies à 12, 892 milliards de dirhams en 2021, enregistrant une hausse annuelle de 7,8%.
Le journal affirme que la RC auto, qui est la couverture obligatoire, représente 83% du total. Elle a vu son chiffre d’affaires progresser de 8,4% porté par l’extension accélérée du parc automobile.
Dans la réalité, le journal nous apprend que «derrière cette croissance du chiffre d’affaires de la branche, se cache une dégradation continue de la marge sur la RC et du ratio combiné qui s’est réduit de 7,4 points au cours des cinq dernières années pour s’établir à plus de 90%». Ce ratio est, comme le rappelle le quotidien, « est la combinaison du ratio de sinistralité (charges de sinistres/primes acquises) et du taux de frais (charges d’acquisition et autres charges techniques d’exploitation/primes émises)». En intégrant les garanties annexes, le ratio combiné de la branche auto frôle 100%, et chez certains assureurs, il serait bien au-dessus, ce qui signifie qu’ils perdent de l’argent sur l’automobile.
Justement, «les dirigeants des sociétés d’assurance attirent l’attention sur cette menace qui pèse sur les équilibres financiers du secteur et mettent en garde contre la sortie de route de la branche automobile. Pour le journal, les assureurs n’ont aucun levier d’action sur le tarif de la RC auto, ils peuvent néanmoins agir sur les garanties annexes ou les franchises…
Dans la foulée de la libéralisation du tarif, le journal avance de nouveaux critères de différenciation des tarifs devaient être publiés par le régulateur. L’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) est sensible à la demande d’extension des critères de tarification, mais il semble que le statu quo actuel (qui dure depuis 15 ans) tient aussi à des résistances au sein de la profession. Et pour cause, «certains opérateurs redoutent que l’extension de la tarification à des critères comme l’âge, les antécédents,… ne déclenche une guerre des prix». Et cela «ne déplaît pas forcément à tout le marché, certaines compagnies considérant l’assurance automobile comme un produit d’appel.
Asseoir la concurrence sur les garanties annexes, uniquement, fausse l’analyse de la sinistralité et limite une réelle compétition entre assureurs. Sur le papier, le tarif de la «RC automobile» est libre depuis le 6 juillet 2006. Les compagnies d’assurance peuvent donc librement fixer leurs tarifs sauf que les critères de tarification, qui sont fixés par la réglementation, restent figés. La puissance fiscale qui sert encore de base de tarification à la RC Auto remonte au début de l’ère automobile. «S’il n’y a aucune évolution sur ce point, une augmentation de la prime d’assurance automobile sera inévitable» .
A la hausse continue et inquiétante de la sinistralité, il faut ajouter la fraude qui prend une dimension industrielle malgré les dispositifs de lutte activés par toutes les compagnies et des initiatives collectives de la profession, notamment la modification de la convention d’indemnisation directe en auto. Ainsi, le recours forfaitaire, pour les dossiers inférieurs à 20.000 DH, a été abandonné. Au-dessus de ce seuil, les modalités de la convention seront modifiées par l’enrichissement du barème de la responsabilité et par l’unification du barème des valeurs vénales, explique le quotidien.
Rachid Al Arbi – 09/02/2022 –