Le secteur renoue avec la performance
Pôle actif de l’économie marocaine, le secteur des assurances a affiché une résilience en temps de crise. L’activité a fait preuve de solidité durant ce contexte contraignant, montrant ainsi sa capacité à s’adapter aux enjeux conjoncturels. En témoignent les chiffres provisoires de l’année 2021. Le secteur a en effet bouclé son exercice sur une note positive. L’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) relève dans ce sens une hausse à deux chiffres des indicateurs d’activité au titre des douze mois de l’année. Les primes émises à fin décembre 2021 se sont ainsi établies à 50,25 milliards de dirhams, en amélioration de 10%. De ce total, 3,66 milliards de dirhams ont été réalisés au seul mois de décembre, soit à un niveau presque identique à celui du même mois de l’année précédente.
La hausse des primes en cumulé a été en effet portée aussi bien par l’activité vie et non vie. S’agissant de l’activité vie, les primes émises à ce niveau se sont consolidées de 11,7% atteignant sur les douze mois de l’année les 22,77 milliards de dirhams dont 1,74 milliard de dirhams au mois de décembre. Dans les détails, l’épargne dirhams s’est située à fin décembre 2021 à une valeur de l’ordre de 17,86 milliards de dirhams, en progression de 11,3%. Les primes décès ont marqué une hausse de 10% arrivant à 3,2 milliards de dirhams. L’épargne-supports unités de compte s’est redressée pour sa part de 19,8%, soit une valeur de 1,7 milliard de dirhams. Les acceptations se sont, quant à elles, affermies de 44,9% atteignant à fin décembre les 700 millions de dirhams. Pour ce qui est de l’activité non-vie, les primes émises ont marqué une hausse de 8,6% à fin décembre 2021. Les statistiques disponibles font ressortir un cumul de 27,47 milliards de dirhams, dont 1,92 milliard de dirhams réalisés au mois décembre (+12,7%).
Les primes émises dans le cadre de l’assurance couvrant les événements catastrophiques ressortent à 523,8 millions de dirhams, en hausse de 9,9% comparé à fin 2020. S’agissant des accidents corporels, les primes émises ont atteint les 4,74 milliards de dirhams, en amélioration de 7,5% comparé à la même période de l’année précédente. 4,01 milliards de ces primes concernent l’assurance maladie (+7%). Les accidents du travail et maladies professionnelles ont généré des primes de l’ordre de 2,30 milliards de dirhams, en hausse de 4,3%. Pour ce qui est de l’assurance automobile, l’Acaps recense des primes de l’ordre de 12,89 milliards de dirhams dont 10,76 milliards de dirhams de responsabilité civile.
On note dans ce sens des hausses respectives de 7,8% et 8,4%. Les primes de responsabilité civile générale se sont hissées à 653,3 millions de dirhams marquant une hausse de 15,1%. Les primes «incendie» ont affiché une hausse de 17%, soit un cumul de 2,24 milliards de dirhams. Le secteur a par ailleurs réalisé au titre des douze mois de l’année des placements de 186 milliards de dirhams, en amélioration de 1,3%. Les actifs de taux captent 51% de cette structure, contre 42% pour les actifs actions et 3% pour les placements immobiliers.
Bref aperçu des mesures prises en temps de Covid
La tendance observée à fin 2021 marque une reprise par rapport à ce qui a été réalisé en 2020, un exercice difficile pour l’ensemble des secteurs compte tenu du déclenchement de la crise sanitaire. Malgré les difficultés du contexte, le secteur a pu préserver ses acquis et ce grâce aux mesures d’assouplissements qui ont été introduites dès les premières semaines de la crise sanitaire. L’Acaps, régulateur du secteur, a en effet mis en place un dispositif de veille pour suivre en permanence l’évolution de la situation économique. Le but étant également de surveiller la tendance du marché boursier et évaluer les impacts sur le portefeuille de placement des entreprises d’assurances. A cet égard, il a été décidé d’assouplir certaines règles prudentielles pour alléger la pression sur la situation financière des entreprises d’assurances. Ces mesures ont également permis de renforcer leur résilience et de les aider à surmonter les effets de la crise. Ces dispositions ont en effet concerné aussi bien les entreprises d’assurances que les intermédiaires d’assurances et les assurés. Parmi les règles mises en place on cite le relèvement du seuil de déclenchement de la provision pour dépréciation des placements de 25% à 30%. Le régulateur a par ailleurs augmenté l’horizon du cours de référence à prendre en compte, à la moyenne des six derniers mois au lieu des 3 derniers mois. Pour atténuer la pression sur la situation bilancielle des entreprises d’assurances, l’échéancier d’étalement de la provision pour créances sur les intermédiaires a été reporté à 2021 et 2022, sachant que l’échéancier initial prévoit la constatation de cette provision à hauteur de 60% en 2020 et à 100% en 2021. Le régulateur a, en outre, décidé de desserrer le dispositif de provisionnement des primes impayées par les assurés, a invité les entreprises d’assurances à faire preuve de retenue dans la distribution des dividendes au titre de l’exercice 2019 et les a incitées à renforcer leurs fonds propres. Sur le plan bilanciel, le volume des primes a atteint, en 2020, les 45,1 milliards de dirhams, entraînant ainsi une croissance de 1%, en décélération par rapport à 2019 (+8,6%). Notons que le secteur des assurances a durement subi la contraction du marché boursier dans le sillage de la crise sanitaire. Ainsi, malgré la bonne performance de la marge d’exploitation, le résultat net agrégé des entreprises d’assurances a fléchi de 21% revenant à 2,9 milliards de dirhams, impacté essentiellement par la chute du solde financier. Le rendement des capitaux propres (ROE) a diminué de 2,3% pour s’établir à 7,3% à fin 2020.
Kawtar TaliDate – mars 23, 2022