Depuis le lancement du Takaful, la quasi-majorité des banques participatives ne propose que le Takaful-Décès à leurs clients dans le cadre des financements immobiliers Murabaha. Pourtant, la réglementation prévoit que la multirisque habitation soit également obligatoire pour ce type de financements. (Selon l’Avis du CSO validant le Contrat Murabaha Type dans son article 6 relatif aux assurances)
Mauvais départ pour le Takaful ou plutôt la bancatakaful (équivalent de la bancassurance dans le traditionnel). Et pour cause, un flou autour de la multirisque habitation (MRH).
Un peu de contexte.
Lors du lancement du Takaful, les banques participatives ont rappelé leurs clients ayant contracté des financements Murabaha pour acheter des biens immobiliers. Et pour leur proposer, enfin, une couverture compatible avec ce type de financement. Il s’agit du Takaful Décès, longuement commenté, et qui a pour but de couvrir les financements en cas de pépins empêchant le client de rembourser.
Mais le Conseil Supérieur des Oulémas et l’ACAPS ont également validé un produit destiné à couvrir le bien avec une MRH Takaful. Ceci est calqué sur le modèle traditionnel d’un crédit immobilier qui demande un adossement d’une assurance décès et d’une MRH. Or, quasiment toutes les banques participatives ne disposent pas de cette MRH labelisée Takaful … sauf une.
L’origine du problème
Dans la multirisque habitation, il y a une assurance « catastrophes naturelles » qui elle n’est pas charia compatible. Pour proposer une MRH en bonne et due forme, seule une banque participative a anticipé, et a eu sa MRH adaptée au concept Takaful. Mais le revers de la médaille est que cette banque est maintenant décriée par certains clients, et les avis négatifs fusent sur les réseaux sociaux l’accusant de faire de la vente dissimulée. Mais en réalité, elle est bien en règle, et ce sont d’autres réseaux bancaires qui « omettent » de présenter l’adossement de la MRH pour la conformité du dossier.
Peut-être que des efforts de communication et d’explication pourraient être accentués par tous les acteurs pour bien expliquer les rouages de ces produits nouveaux. D’autant que certains « consommateurs » sont informés qu’au Maroc, il n’y a aucune obligation de souscrire une MRH. Ils font donc un amalgame entre MRH traditionnel pour assurer son bien sans aucune obligation (ce qui est vrai), et l’obligation certaine d’une MRH pour le crédit immobilier (ce qui est vrai également). Dans ce monde jugé parfois obscure de l’assurance par les consommateurs, qui va s’y retrouver …
François Olivier Edime – 25 août 2022