Encaissement des primes: Le caillou gênant dans la chaussure des assureurs

Le thème de l’encaissement des primes était à l’ordre du jour de la 7ème réunion de la FNACAM, ce 06 juillet 2023 à Casablanca. L’avantage de cette grande rencontre, est de pouvoir débattre sur des thématiques d’actualité, et d’inviter les distributeurs présents à échanger en direct avec la tribune.

Farid Bensaid, Président de la FNACAM, a maintenu le message récurrent sur l’encaissement des primes. « On ne comprend pas pourquoi les intermédiaires ont la responsabilité totale de cet encaissement contrairement aux autres polices qui existent sur le marché. Avant 2016 il y avait un flou juridique, puis ensuite on a imposé que l’intermédiaire soit censé avoir encaissé la prime avant de la reverser. C’est lourd comme décision. Mais les intermédiaires ont continué à faire des crédits pour éviter de perdre leurs clients. Mais il y a des impayés. Nous défendons les intermédiaires qui n’ont pas pu faire payer la prime par l’assuré, mais pas l’intermédiaire qui a encaissé la prime et qui l’a gardée. On ne peut pas rester dans une position figée de chantage où on nous dit, « vous payez les arriérés, ou on ne vous donne pas d’attestation ».

Au nom des compagnies, Bachir Baddou, nouveau Vice-Président délégué de la FMA, la nouvelle identité Fédération Marocaine de l’Assurance. M. Baddou s’est exprimé en ces termes:  » Tout d’abord, on a un grand nombre d’intermédiaires où on n’a pas de problèmes d’impayés. Nous sommes dans le 2ème secteur d’assurance en Afrique, alors que le Maroc est la 5ème économie africaine. En 2016, on demande à l’intermédiaire d’encaisser au nom de la compagnie d’assurance, et si ce n’est pas le cas, on va considérer qu’il a encaissé la prime sans la reverser. Certains intermédiaires refusent d’encaisser au nom de la compagnie, et préfèrent prendre le cash du client au nom de leur cabinet. Il nous est du coup impossible de faire la part entre ce qui a été réellement encaissé, et ce qui ne l’a pas été. La solution est que les encaissements doivent remonter directement et exclusivement au nom des compagnies d’assurance. »

Le débat est lancé, voire relancé. Il est vrai que la FNACAM aurait aimé qu’on écrase cette data des impayés à partir d’une certaine date. Mais comme l’explique Monsieur Baddou, il n’est pas concevable de prendre la responsabilité pour les directions des compagnies d’assurance d’aller dans le sens de cette demande. D’abord, à quel titre légitime, mais aussi, comment justifier une telle action auprès des actionnaires des compagnies d’assurance. Cette thématique de l’encaissement des primes est vraiment un caillou dans la chaussure des assureurs, et des distributeurs.

Fort heureusement, au fur et à mesure des débats, les lignes bougent. Notamment, Bachir Baddou rappelle qu’il ne faut pas noircir le tableau de cette problématique, car en fait, cela ne touche qu’une infime partie des intermédiaires. Et, oui, comme le rappelle le Vice-Président de la FMA, il y a 6 millions d’attestations automobile distribuées par an. En 2022, les primes non recouvrées, non payées représentent 3% du CA. C’est l’automobile qui représente le gros de ce recouvrement.

Et puis, des solutions sont abordées: Le transfert du risque du courtier vers l’assureur serait déjà une grande avancée. Le « Cash before cover », terme anglo-saxon abordé par Dominique Sizes, invité en tribune, et ex dirigeant du grand courtier européen Verspieren, permettrait aussi aux compagnies de ne délivrer l’attestation d’assurance qu’une fois celle-ci payée. Mais on ne le pratique pas encore au Maroc pour un point de vue social.

Et puis, à l’initiative de Bachir Baddou, « la solution la plus fiable serait de passer par le numérique. La solution, c’est que les encaissements doivent remonter directement aux entreprises d’assurance, et au nom des entreprises d’assurance. D’ailleurs, dès la semaine prochaine, la FMA va faire une présentation pour la FNACAM et pour l’ACAPS dans ce sens, avec un prestataire sélectionné (HPS). Cette solution numérique permettra de faire passer le canal de paiement par l’assureur et un reversement instantané de la commission à l’intermédiaire ».

François Olivier Edime – 212assurances – 09 juillet 2023

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