Vu les risques de bombardements, il est devenu de facto impossible d’assurer des navires partant d’Ukraine par la mer Noire, mais le secteur tente de trouver une voie de sortie, notamment pour les cargaisons vitales de céréales, rapporte l’Agence France Presse (AFP).
Une assurance de cargo peut toujours en théorie s’envisager « au cas par cas », affirme à l’Agence Mathieu Berrurier, directeur général du groupe Eyssautier Verlingue, moyennant cependant des « coûts faramineux » de l’ordre de 5 à 10 fois les montants pratiqués avant la guerre en Ukraine. Si bien que dans la pratique, plus personne ne les paie.
Pendant près d’un an, la situation s’était stabilisée en mer Noire, avec un accord signé en juillet 2022 avec Moscou pour que l’Ukraine exporte sa production agricole. Ce compromis avait permis de sortir 33 millions de tonnes de grains d’Ukraine en un an.
Mais Moscou s’en est retiré en juillet, déclarant considérer dès lors tout navire se dirigeant vers les ports ukrainiens comme une cible potentielle.
Depuis, la Russie multiplie les bombardements d’infrastructures portuaires ukrainiennes, tandis que Kiev utilise des drones pour viser la zone du crucial détroit de Kertch, par lequel transite une large partie des exportations russes de mer Noire.
« On est dans une zone où les risques ont considérablement augmenté » pour les cargos, résume M. Berrurier, « là où avant, les risques se concentraient sur les bâtiments de guerre ».
L’essentiel des exportations céréalières ukrainiennes, auparavant acheminées par la voie maritime, emprunte désormais une route alternative par le Danube, associée au rail plus au nord et à l’ouest du pays.
Mais des infrastructures portuaires y sont également « attaquées par les Russes », poursuit Frédéric Denefle, directeur général du groupement Garex, spécialiste de l’assurance des risques liés aux conflits.
Début août, la Russie a notamment procédé à des tirs de sommation envers un cargo appartenant à une compagnie turque qui se dirigeait vers Izmaïl, un port sur le Danube dans le sud de l’Ukraine.
Résultat: les armateurs n’osent plus se déplacer et opérer sur ces zones et « le trafic maritime s’est quasiment interrompu », lance M. Denefle, soulignant que les navires qui quittent la zone d’Odessa au compte-gouttes ne transportent pas de céréales.
212assurances – 08 septembre 2023