On commence à en parler depuis 2022. Cela s’installe petit à petit … Mais quel est ce concept d’assurance des crédits carbone ?
Mais d’abord, c’est quoi un « Crédit Carbone » ?
Lorsque les critères spécifiques sont respectés, les initiatives visant à réduire ou séquestrer les émissions de gaz à effet de serre peuvent être récompensées par l’octroi de ce que l’on nomme des « crédits carbone ». Ces crédits représentent des unités équivalentes à une tonne de CO2 évitée ou séquestrée. Par exemple, un projet de reboisement permettant de séquestrer 10 000 tonnes de CO2 pourrait générer l’obtention de 10 000 crédits carbone, sous réserve du respect des critères requis. Ces critères sont au nombre de 5 (*).
Un premier courtier d’assurance anglais se lance en 2022
Howden Broking Group Limited, un courtier britannique, a lancé en 2022 un produit d’assurance des crédits carbone en partenariat avec Respira International et Nephila Capital, spécialisés dans le financement du carbone et la gestion d’investissements liés à la réassurance.
L’objectif est de renforcer la confiance dans le marché de la compensation carbone volontaire en comblant les lacunes de crédibilité et de transparence. Soutenue par Parhelion, cette initiative s’inscrit dans l’initiative des marchés durables dirigée par le roi du Royaume-Uni, Charles III.
Le marché de la compensation carbone volontaire, estimé entre 20 et 50 milliards de dollars d’ici 2030, joue un rôle crucial dans la transition vers une économie à faible émission de carbone. Bien que le marché ait connu une croissance constante, Howden estime qu’il doit améliorer la fourniture cohérente de projets de réduction et d’élimination du carbone sur le terrain.
Le nouveau produit d’assurance vise à remédier à cela en offrant une couverture contre la négligence et la fraude de tiers, renforçant ainsi la crédibilité et la transparence du marché. Il constitue une première pour le secteur. La sécurité supplémentaire et la vérification indépendante fournies par le produit visent à inciter les acheteurs à choisir des projets de haute qualité. Les partenaires impliqués soulignent l’importance de ce produit pour renforcer l’intégrité, la transparence et la résilience climatique du marché de la compensation carbone volontaire, considéré comme essentiel pour atteindre le zéro net.
Fin 2023, CarbonPool prend le pas sur ce marché
Trois anciens hauts responsables du groupe Allianz ont donné naissance à CarbonPool, une société ambitieuse visant à guider les assureurs dans la réduction de leur empreinte environnementale de manière novatrice. Alors que de nombreuses entreprises s’efforcent de minimiser leur empreinte carbone dans les années à venir, CarbonPool, assurtech suisse, révèle que près de la moitié des 2 000 principales entreprises mondiales aspirent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.
Cet engagement s’inscrit dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, qui vise la neutralité carbone mondiale d’ici 2050. Toutefois, pour concrétiser ces objectifs, de nombreuses entreprises ont recours aux crédits carbone. CarbonPool propose donc une approche différente et innovante, avec trois types de couverture. Ces offres permettent une garantie d’obtention de crédits carbone en cas d’insuffisance de production des projets carbone prévus, une assurance contre les événements d’inversion carbone inattendus (par exemple, en cas de rejet accidentel du CO² séquestré) et une assurance contre les émissions involontaires (en cas de défaillance technologique, par exemple).
Actuellement en cours de préparation pour obtenir une autorisation de (ré)assurance réglementée en Suisse, la jeune entreprise accepte déjà les pré-souscriptions. À noter que CarbonPool annonce également des liens avec des acteurs gouvernementaux tels que les Nations Unies et l’État de Californie.
Un marché nouveau est en train de naître …
(*) Les cinq critères essentiels :
- Additionnalité : Un projet doit démontrer que son financement par la vente de crédits carbone est indispensable, car sans cela, le scénario de référence aurait entraîné des émissions de carbone ou une absence de séquestration. Par exemple, dans un projet de conservation forestière, l’argent des crédits carbone empêche la déforestation, assurant ainsi la continuité de la séquestration de carbone.
- Mesurabilité : La quantité de CO2 évitée ou séquestrée doit être calculable selon une méthodologie reconnue.
- Vérifiabilité : Chaque année, l’efficacité réelle de l’évitement ou de la séquestration de tonnes de CO2 vendues en tant que crédits carbone doit être vérifiée par un tiers indépendant et compétent.
- Permanence : L’évitement ou la séquestration de carbone doivent être durables, généralement sur une période minimale de 7 ans. Ces critères sont définis avec précision dans les méthodologies de certification, nécessaires pour qu’un projet obtienne le label « crédit carbone ». Les principaux organismes de certification incluent Gold Standard et VCS.
- Unicité : L’enregistrement des crédits carbone d’un projet sur un registre unique est crucial pour éviter les doubles comptabilités.
212assurances – 09 mars 2024