Ouafae Mriouah, DG de la SCR: Impact de la ZLECAf sur la réassurance lors du Sommet de la Finance en Afrique (AFiS)

[post-views]

Madame Ouafae Mriouah, Directrice Générale de la Société Centrale de Réassurance (SCR) du groupe CDG, était invitée paneliste lors de l’AFiS, le sommet africain de la finance, ce 09 décembre à Casablanca.

Mme Mriouah nous a livré son expertise en soulignant les défis et opportunités liés à l’intégration du secteur des assurances dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Lors de son intervention, elle a mis en lumière la faible pénétration des assurances en Afrique, qui est inférieure à 3.5% au niveau continental, et même 1.2% si l’on exclut l’Afrique du Sud. Par ailleurs, le niveau d’inclusion financière est très variable selon les pays. Cela illustre le gap de couverture important qui existe sur le continent, et que les acteurs doivent s’atteler à combler sur les années à venir.

« la ZLECAf est une opportunité stratégique … l’industrie a besoin de cette harmonisation réglementaire, pour créer de véritables champions panafricains, compétitifs face à la concurrence mondiale  » nous explique O. Mriouah.

Opportunités offertes par la ZLECAf

Madame Mriouah a décrit la ZLECAf comme une opportunité majeure pour stimuler le développement économique en stimulant les échanges économiques intra-africains, qui demeurent faibles comparés à d’autres continents. Elle a noté que cette initiative pourrait accroître les PIB des pays africains et encourager les investissements dans les infrastructures, tout en facilitant la mobilité des biens et des services. La ZLECAf pourrait ainsi générer un besoin accru de couverture d’assurance, ce qui souligne l’importance d’une intégration efficace du secteur.

Défis réglementaires à surmonter 

Cependant, pour tirer pleinement parti des avantages offerts par la ZLECAf, il est crucial de surmonter les défis structurels, notamment la fragmentation réglementaire qui caractérise le continent. Madame Ouafae Mriouah a souligné que les exigences de capital et de solvabilité, les normes comptables appliquées, et la réglementation de la tarification, variaient considérablement d’un pays à l’autre. Cela complique la distribution de produits assurantiels et l’investissement transfrontaliers, et augmente le coût de la conformité.

Elle a ainsi plaidé pour une harmonisation des cadres réglementaires.  Cette harmonisation devra être progressive, et pourrait passer par l’adoption de standards minimaux, tout en permettant à chaque pays de maintenir des caractéristiques spécifiques adaptées à sa réalité locale. Cette harmonisation devra s’inscrire dans la durée, et mobiliser l’ensemble des parties prenantes – régulateurs et acteurs – pour aboutir à des compromis constructifs pour l’ensemble de l’industrie.

Équilibre entre protectionnisme et libéralisation

Notre panéliste a également abordé la question de la réassurance en Afrique, notant que le secteur est fortement protégé par des mesures locales ou régionales. Elle a insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre protectionnisme et libéralisation, afin d’éviter les excès des deux côtés.

Certes, le continent a besoin de renforcer sa souveraineté économique pour que les marchés nationaux ne soient pas dépendants fortement des acteurs étrangers, pour que les sorties de devises ne soient importantes et enfin, pour que l’épargne institutionnelle de ces pays soient de plus en plus importantes pour financer le développement socio-économique du continent.

Mais, l’exigence à la fois d’un Rating élevé dans le choix de réassureurs, le besoin de grandes capacités financières et le recours à des expertises techniques pointues posent un défi majeur. Les réassureurs africains sont souvent pénalisés ce qui limite leur attractivité et leur capacité à absorber des parts significatives des risques locaux.

C’est pour cela que l’initiative ZLECAF vient apporter une réponse appropriée à la recherche de cet équilibre pour les assureurs africains. En effet, la solution consiste à penser les protections au niveau continental, en lieu et place des barrières par pays. L’intégration de la réassurance africaine permettra de renforcer les capacités, et il est pertinent de déployer des mécanismes qui permettent de maximiser l’utilisation des capacités locales pour couvrir les risques du continent.

Importance de la collaboration et de l’innovation entre les réassureurs africains

Enfin, elle a souligné que la collaboration entre réassureurs est essentielle pour innover et structurer des pools de réassurance, notamment sur les risques catastrophiques. L’échange de données et la consolidation d’informations sont cruciaux pour maîtriser les risques à l’échelle continentale, et permettre une innovation ciblée.

En résumé, on peut dire que Madame Mriouah a appelé à une approche progressive, collaborative, et fédératrice pour renforcer le marché africain de l’assurance et de la réassurance dans le cadre de la ZLECAf, afin d’assurer un développement économique durable et inclusif pour le continent.

François Olivier Edime – 212assurances – 11 décembre 2024

Laisser un commentaire
Previous Article

Trophées de l'Assurance d'Afrique 2025: Les premiers dossiers en lice, de bon augure

Next Article

Les véhicules autonomes surpassent-ils les véhicules de dernière génération conduits par des humains en termes de performance d'assurance ?

Related Posts