
L’assurance en Afrique est à un tournant décisif. C’est le message fort formulé par Mohamed Hassan Bensalah, Président de la Fédération Marocaine de l’Assurance (FMA), lors de la 49ᵉ Assemblée Générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF), qui se tient cette année à Marrakech sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Devant un parterre de professionnels venus de tout le continent, Bensalah a rappelé l’importance du secteur assurantiel comme levier de développement et filet de sécurité pour les populations africaines. Pourtant, malgré son potentiel immense, le marché africain de l’assurance peine encore à jouer pleinement son rôle.
« L’assurance constitue un réel filet de sécurité pour nos populations et un solide levier de développement pour nos pays. Et pourtant, notre secteur est confronté à de nombreux défis. »

Un marché en pleine mutation face aux nouveaux risques
Les défis sont multiples : taux de pénétration encore faible, évolution rapide des risques, transformation technologique accélérée… Autant d’enjeux qui nécessite une réponse collective et coordonnée.
« Nous vivons certes dans des pays différents, mais les enjeux de notre secteur sont les mêmes. Il est urgent de développer une culture de l’assurance et d’augmenter la proximité avec nos assurés. Le numérique est un formidable outil, mais il ne remplacera jamais le contact humain qui est très ancré dans nos sociétés. »
La question de la micro-assurance a également été soulignée comme une priorité, notamment pour renforcer la protection des populations vulnérables. Bensalah a plaidé pour une implication accumulée des pouvoirs publics afin de rendre certaines couvertures obligatoires, notamment la Multirisque Habitation et la Responsabilité Civile Professionnelle pour les secteurs à risques.

Partenariats Public-Privé et cybersécurité : des enjeux clés
La nécessité d’une collaboration renforcée entre assureurs et pouvoirs publics a été illustrée par l’exemple du régime de couverture des événements catastrophiques, mis en place au Maroc en 2020 et qui a joué un rôle clé dans la résilience de Marrakech après le séisme.
Dans un contexte où les cyberattaques représentent une menace grandiose, le Président de la FMA a également insisté sur l’urgence d’anticiper et de maîtriser les cyber-risques.
« Nous risquons une perte de 10 % du PIB en raison des cyberattaques. L’Afrique doit se préparer et mettre en place des couvertures adaptées, avec le soutien des grands réassureurs. »
Innovation et digitalisation : les nouveaux moteurs de l’assurance africaine
L’intelligence artificielle, les Insurtechs et les Deeptech ouvrent des perspectives inédites pour le secteur. Exploiter les données de manière pertinente permettra de créer des offres sur mesure adaptées aux besoins spécifiques des assurés.
« L’Afrique de demain sera forte, résiliente et unie. Notre secteur doit accompagner cette trajectoire et protéger les populations en adaptant nos solutions aux réalités africaines. »

Vers un marché unique de l’assurance en Afrique
En 2027, le Maroc accueillera l’Assemblée Générale et la Conférence Annuelle de l’Organisation Africaine des Assurances (OAA), un rendez-vous clé pour structurer un marché intégré et harmonisé.
« Mais nous n’allons pas attendre 2027 pour agir. La construction d’un marché unique commence ici et maintenant, par nos échanges, nos idées et notre volonté de faire de l’assurance un moteur de transformation pour notre continent. »
L’appel lancé depuis Marrakech est clair : seule une vision ambitieuse et une coopération renforcée permettra de bâtir une assurance africaine innovante, solidaire et tournée vers l’avenir.
212 Assurances – 24 Février 2025