Delphine Traoré, à la tête de la fusion entre Sanlam et Allianz, se fixe pour mission d’assurer les non-assurés en Afrique. Formée dans la finance aux États-Unis, cette dirigeante burkinabè supervise un projet ambitieux qui vise à consolider les activités de deux géants de l’assurance sur le continent, une opération lancée fin 2023.
Avancement de la fusion
Dans une récente interview du magazine Forbes AFRIQUE, Traoré a indiqué que la fusion a été initiée dès l’annonce du changement légal d’actionnaires, avec des démarches déjà en cours dans dix pays. Les régulateurs locaux, notamment au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ont donné leur accord, et les discussions se poursuivent pour finaliser le processus au Ghana, au Nigéria et en Afrique de l’Est. Elle souligne que, bien avant l’officialisation, Sanlam et Allianz ont collaboré pour établir des principes de gouvernance et une stratégie commune, facilitant ainsi une transition fluide et rapide.
Stratégie et objectifs
Traoré explique que la fusion répond à une nécessité stratégique : au lieu de se concurrencer, Sanlam et Allianz souhaitent unir leurs forces pour soutenir le développement des infrastructures et des multinationales en Afrique. La Côte d’Ivoire a été choisie comme point de départ pour cette fusion en raison de son importance sur le marché, où les deux sociétés détiennent désormais plus de 35 % des parts.
L’un des principaux défis identifiés par Traoré est le faible taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire, qui est inférieur à 1 %. Pour y remédier, elle met en avant l’importance d’assurer les non-assurés, en particulier dans le secteur agricole, comme dans le cacao et le coton, en proposant des produits accessibles grâce à la digitalisation, l’intelligence artificielle et à des partenariats avec des banques et des opérateurs télécoms. Cette approche vise à rendre l’assurance plus abordable et accessible pour les populations rurales, souvent mal informées sur les avantages de l’assurance.
Collaboration et avenir
Traoré insiste sur le fait que Sanlam-Allianz ne cherche pas à éliminer les petites compagnies d’assurance, mais plutôt à collaborer avec elles pour développer le marché. Avec un taux d’accès à l’assurance en Afrique inférieur à 2 %, elle estime qu’il y a suffisamment d’espace pour tous les acteurs. La société de réassurance SanlamAllianz RE, qui sera prochainement renommée, jouera un rôle clé dans ce développement en collaborant avec d’autres entités pour renforcer la capacité de réassurance sur le continent.
Les priorités de Traoré incluent la stabilisation de la fusion et l’harmonisation des produits offerts, tout en veillant à ce que le personnel s’engage dans cette nouvelle aventure. Elle prévoit également un rebranding d’ici la fin de l’année, afin de renforcer l’identité de la nouvelle entité sur le marché africain.
En conclusion, Forbes AFRIQUE présente Delphine Traoré comme se positionnant en pionnière dans le secteur de l’assurance en Afrique, avec une vision claire : transformer le paysage de l’assurance pour qu’il soit plus inclusif et accessible à tous.
François Olivier Edime – 212assurances – 16 août 2024
