Le secteur des assurances est l’un des plus gros investisseurs financiers, spécialement sur le marché des actions. En 2019, les actifs actions des compagnies totalisaient 80 milliards de DH, soit 48,7% de leurs placements.
Depuis le déclenchement de la panique sur le marché boursier, à cause de la propagation du Covid-19, les cours ont beaucoup baissé. Le MASI a en effet perdu à peu près 19% entre le 28 février 2020, soit la dernière séance de cotation avant l’apparition du premier cas de Coronavirus au Maroc, et ce mercredi 27 mai 2020.
Evolution du MASI
Avec la baisse des cours en bourse, les valorisations des portefeuilles actions des assureurs vont se dégrader. Ces derniers devront donc soit comptabiliser des pertes financières, soit des provisions pour dépréciation d’actifs. Dans les deux cas, leurs bénéfices seront impactés.
De plus, compte tenu du contexte de la crise actuelle, plusieurs sociétés cotées ont renoncé à la distribution du dividende, ce qui réduira le rendement de leurs portefeuilles de placement.
Le directeur d’investissement chez une compagnie d’assurance de la place nous a confirmé que « le résultat financier des compagnies d’assurances sera significativement impacté à cause de la crise actuelle notamment à la clôture du 1er semestre. On anticipe aussi des impacts au niveau de la clôture annuelle, mais cela dépendra de la relance de l’économie et du comportement des marchés financiers. Ce qui est sûr c’est que l’année 2020 sera pire que l’année dernière ».
Et d’expliquer : « La baisse des dividendes à distribuer cette année réduira les produits financiers des compagnies d’assurance. En face, les provisions à passer à cause de la baisse des valorisations des portefeuilles devraient augmenter les charges ».
Selon notre interlocuteur, « l’impact sera légèrement atténué par les règles dérogatoires décidées par l’ACAPS [l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance, ndlr] en matière de provisionnement pour les compagnies d’assurances. Par exemple, on était obligé de provisionner les actifs qui ont une moins-value latente supérieure à 25%. Ce seuil a été relevé à 30% ».
A rappeler que dans le cadre du suivi de l’évaluation de l’impact de la situation engendrée par la crise sanitaire, l’ACAPS a décidé d’assouplir certaines règles prudentielles de manière transitoire, et de prendre des mesures d’atténuation pour permettre au secteur des assurances de faire face aux conséquences liées à la pandémie. Les nouvelles mesures d’assouplissement décidées couvrent la provision pour dépréciation des valeurs de placements, la provision pour risque d’éligibilité ainsi que les provisions pour créances et primes impayées.
De même, « avant on prenait comme valeur de référence pour les actions cotées, le cours correspondant à la moyenne pondérée des trois derniers mois. Cette période a été rallongée à 6 mois. Ainsi, quand on arrêtera les comptes à fin juin, on profitera des premiers mois de l’année où le marché n’était pas impacté par la crise. Cela permettra de baisser légèrement les provisions à passer ».
Il importe de souligner que « certes, ces mesures ne vont pas annuler l’impact de la crise, mais elles vont relativement l’atténuer », d’après notre source.
« Heureusement que les autres produits de placement, notamment les produits taux ne devraient pas être impactés cette année. Cela ne pourrait pas compenser l’impact négatif des placements en actions mais ça va aider à stabiliser un peu la situation », conclut notre interlocuteur.
27-05-2020 –