Plusieurs alternatives sont envisagées pour faire face à la baisse durable et entretenue des taux.
Les assureurs réclament plus de marge de manœuvre et de flexibilité dans l’investissement sur les marchés internationaux et les OPCI.
L’ un des défis importants auxquels fait face le secteur de l’assurance aujourd’hui est le niveau durablement bas des taux d’intérêt, avec un impact direct et négatif sur l’épargne. Une double peine pour les compagnies, puisqu’au fur et à mesure que le stock d’anciennes obligations apportant du rendement diminue, les compagnies n’auront d’autres choix que de réinvestir dans de nouvelles obligations moins rentables.
Les assureurs se trouvent contraints de s’adapter à cette donne, qui met à mal une branche de leur activité, en l’occurrence l’assurance-vie. D’ailleurs, c’est pour cette question qu’a été créé un groupe de travail composé des membres de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances (FMSAR) et de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Objectif : apporter des solutions et identifier les leviers pour l’avenir.
Bien que les taux servis actuellement par les compagnies soient relativement confortables – du fait des anciens stocks sous gestion -, des leviers doivent être actionnés pour pallier cette problématique dans un futur (très?) proche.
Davantage d’investissement en produits actions
Actuellement, l’essentiel de l’épargne des assureurs part en produits de taux du fait de l’engagement de la rémunération de l’épargne. Il faut aller plus vers la poche actions pour capter une rentabilité meilleure, avec un peu plus de risque. «Il y a une façon de le faire, notamment en investissant sur les produits en unités de compte. Les épargnants sont de plus en plus enclins à y investir parce qu’il y a une baisse des rendements», estime Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR). Preuve en est les 1,7 milliard de DH de primes mobilisées pendant 2021 sur ce type de contrats, avec une progression de 19,8%.
Les professionnels de l’épargne continuent de croire que ces contrats sont l’alternative idéale à l’assurance-vie classique dans le contexte actuel. «Ces placements présentent des opportunités de rendement bien plus importantes qu’un fonds en Dirhams sécurisé, ce qui s’avère encore plus vrai dans le contexte actuel marqué par la baisse des taux de rendement servis par les contrats d’assurancevie mono-support en Dirhams. Nous sommes convaincus qu’à l’avenir, ces contrats multisupports (Dirhams et unités de compte) vont continuer à se développer, compte tenu de leur souplesse d’utilisation et de leur capacité à dégager des rendements supérieurs aux fonds en dirhams», estime Mehdi Benbachir, DGA et membre du Comex en charge de la BU Retail chez Société Générale Maroc.
L’investissement sur les marchés internationaux
Il est également nécessaire de permettre aux assureurs d’être plus dynamiques dans leurs investissements à l’étranger pour faire face à la baisse continue des taux. «On ne peut pas développer un secteur assurantiel fort et résilient sans lui permettre d’investir une poche à l’international», déplore un assureur. Aujourd’hui, il y a des opportunités d’investissement avec de bons spreads sur de la dette publique et privée que les assureurs peuvent rater. «Il est important pour nous, assureurs, de commencer à développer cette expertise à l’étranger, à l’image des OPCVM», note t-il.
Diriger une partie de l’épargne vers les OPCI
L’immobilier constitue une vraie alternative pour les investisseurs institutionnels, avec des spreads intéressants et des TRI de 7 à 9% en moyenne. Ceci, d’autant que les OPCI arrivent avec un cadre fiscal attrayant pour les investisseurs. La poche d’investissement consacrée aux OPCI est limitée aujourd’hui à 10% par le régulateur. Les compagnies réclament un élargissement de ce quota, bien que les OPCI soient dans leur démarrage. Enfin, pour Bachir Baddou, il ne faut pas changer le cadre fiscal de l’assurance-vie parce que c’est un investissement à long terme, contrairement à d’autres placements.
Assurance-vie : Bilan de l’année 2021
Le marché de l’épargne retraite s’est montré résilient en 2020, avec une collecte de même niveau que celle de 2019, alors que les assureurs craignaient un arrêt de production et des rachats massifs. Cette tendance positive s’est confirmée en 2021, puisque la branche vie a progressé de 11,7% à 22,7 milliards de DH. Les segments «épargne Dirhams», «décès» et «épargne support unités de compte» ont marqué respectivement des hausses de 11,3%, 10% et 19,8%.
Y. Seddik – 17 Fevrier 2022 –