Leader sur ses terres, le groupe d’assurance marocain opère également dans six marchés africains dont l’Egypte. D’ici trois ans, son objectif est de couvrir une dizaine de pays en se positionnant sur le marché de l’assistance. L’assureur affiche des ambitions stratégiques dans la réassurance. Il vient d’ailleurs de recruter un technicien expérimenté, Abdel Wahab Nougaoui pour lancer cette activité. Meriem Benkhayat, directrice exécutif Pôle Finances et Stratégie de Wafa Assurance analyse la stratégie du groupe.
Quelle première évaluation feriez-vous de votre implantation sur les marchés africains ?
Wafa Assurance a vocation à accompagner la stratégie continentale de son actionnaire de référence Al Mada. Le groupe est actuellement présent dans six pays africains à travers 10 compagnies. Cette présence lui permet de couvrir 39% du marché de l’assurance africain, hors Afrique du Sud, avec l’ambition d’atteindre un taux de couverture de 65% à horizon 2025 à travers l’implantation dans une dizaine de pays.
Notre filiale égyptienne, Wafa Life Insurance Egypt, agréée le 25 août 2020 par le Financial Regulatory Authority pour opérer dans les branches Santé long terme et Vie, a été lancé le 14 juillet 2021. Filiale détenue à 100% par Wafa Assurance, la société a été dotée d’un capital de 150 millions de livres égyptiennes soit à peu près 90 millions de DH (10 millions de dollars).
Cette stratégie d’expansion africaine ne concerne pas que l’assurance mais également l’assistance. Ce deuxième volet est au service de la stratégie immigrant banking d’Attijariwafa bank ainsi que les branches automobile et maladie de Wafa Assurance. À cet effet, sur la zone CIMA, le régulateur du secteur des assurances a octroyé l’agrément de réassurance d’assistance à la succursale de Wafa IMA Assistance basée à Abidjan en Côte d’Ivoire. Grâce à cet agrément, Wafa IMA Assistance Abidjan va pouvoir opérer dans les 14 marchés d’assurance que compte la zone CIMA et envisage de démarrer ses activités dans 4 marchés : la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal et le Mali qui représentent un enjeu pour la banque en termes d’immigrant banking, et pour Wafa Assurance en termes d’assurance automobile, santé et corporate.
Où voyez-vous les relais de croissance pour la compagnie, et plus globalement pour votre secteur ?
Au Maroc, la reprise de la croissance a été constatée dès le premier semestre 2021. En effet, le taux de croissance des primes ressort à environ 11% à fin juin 2021 contre 2,4% à fin juin 2020. Cette accélération a été visible aussi bien sur les marchés Vie que Non-Vie. À moyen terme, la croissance du marché devrait se poursuivre. En Non-Vie, à titre d’exemple, la branche Automobile continuera de bénéficier de la croissance du parc automobile. Le marché Vie devrait également poursuivre sa croissance et continuer de bénéficier du potentiel que recèle la conversion de dépôts bancaires en épargne dans les produits d’assurance Vie.
Au-delà des produits « classiques », deux segments devraient également se développer à moyen terme : La micro-assurance qui est un levier majeur de la stratégie nationale de l’inclusion financière. Actuellement, ces produits d’assurance sont distribués principalement via les réseaux bancaires ; de nouveaux canaux de distribution devraient également se développer à savoir les établissements de paiement et le digital.
Je relèverai également l’assurance Takaful qui accompagnera le développement des banques participatives. En effet, la voie du lancement effectif de cette activité a été ouverte grâce à la publication le 25 octobre 2021 de l’arrêté du ministère de l’Économie et des Finances portant homologation de la circulaire de l’Autorité de contrôle des assurances. Wafa Assurance a été d’ailleurs agréée pour opérer sur cette activité.
Par ailleurs, la mise en œuvre du projet de généralisation de la protection sociale lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’accompagnera du développement de l’Assurance maladie complémentaire. Cette dernière permettra aux assurés d’augmenter leur niveau de couverture et de bénéficier, le cas échéant, de prestations supplémentaires.
Wafa Assurance est un acteur « universel » présent déjà sur l’ensemble de ces marchés : l’Entreprise, le Particulier Vie, le Particulier Non-vie, la Santé individuelle, l’Assurance Inclusive, l’Assurance Takaful, l’Assistance, le Digital et l’International. Son ambition est de conserver le leadership des marchés où elle détient une position concurrentielle forte, de renforcer sa position dans les autres marchés dans lesquels elle opère et de pénétrer un 10ème marché qui est la réassurance et le développement des capacités de placement des grands risques sur les marchés internationaux de la réassurance.
En quoi la baisse des taux d’intérêt a-t-elle pu impacter les performances de la compagnie ?
La stratégie d’investissement de Wafa Assurance repose sur une allocation stratégique de nos portefeuilles sur différentes catégories d’actifs : Actions, Taux et Immobilier. Cette allocation découle des études ALM réalisées de manière régulière, et qui définissent dans quelle proportion nous devons allouer nos actifs sur chaque catégorie en tenant compte du profil de risque, des objectifs de rendement et les spécificités de nos engagements. C’est ainsi qu’en 2020, le portefeuille de Wafa Assurance a confirmé sa résilience et ce dans un contexte de pandémie qui a provoqué une crise économique sans précédent, avec comme conséquence une baisse importante des marchés financiers dans un environnement de baisse de taux entamée déjà depuis plusieurs années.
La qualité des placements et la gestion de long terme a permis de disposer d’un rendement soutenu, et faire bénéficier ainsi nos clients d’un taux de revalorisation élevé en 2020 se situant dans le haut de la fourchette du marché. Ces taux de revalorisation nets se situent respectivement à 3,15% et 3,25%, selon la génération de produits. Cette performance est atteinte grâce aux fondamentaux solides de Wafa Assurance, avec notamment des fonds propres s’élevant à 5, 982 milliards de dirhams à fin 2020 et un ratio de solvabilité à 2,9 fois la marge réglementaire hors plus-value latente.
A quoi tient l’explosion de placements en assurance-vie observée ces dernières années sur le marché marocain ?
Le marché de l’assurance-vie a connu une forte croissance au cours des cinq dernières années, soit +14,1% par an ! Cette progression à deux chiffres est tirée principalement par la branche Epargne qui demeure le plus gros pourvoyeur de chiffre d’affaires dans cette activité avec une contribution qui a fortement augmenté. Son poids est ainsi passé de 76% à fin 2015 à 86% à fin 2020.
La forte croissance de la branche Epargne tient à l’attractivité des supports proposés par les assureurs par rapport aux autres alternatives de placement. Les produits d’assurance-vie proposent, en effet, des rendements attractifs et bénéficient par ailleurs d’un cadre fiscal avantageux. A titre d’exemple, les produits de Retraite permettent de bénéficier à l’entrée d’une déduction des cotisations de la base imposable, à hauteur de 50% pour les salariés, et à la sortie d’un abattement de 40% sur le capital, sous réserve bien sûr que les conditions relatives notamment à l’ancienneté du contrat et à l’âge de l’assuré soient respectées. Le panel de produits proposés permet également de répondre à différents types de besoins, notamment la constitution d’un patrimoine ou encore le financement de projets d’avenir tel que l’éducation ou la retraite… et aux différents profils d’épargnants dont les plus avertis peuvent opter pour les contrats en unités de compte. Ces contrats allient à la fois les avantages offerts par l’assurance-vie et l’accès aux marchés financiers selon le profil de risque de chaque épargnant.
Dans quelle mesure l’illiquidité qui touche l’immobilier peut-elle expliquer cette attractivité de l’assurance auprès des ménages ?
L’assurance-vie, notamment les produits d’épargne, de par leurs atouts, à savoir un rendement attractif, une fiscalité avantageuse et une garantie de capital, répondent aux besoins de l’épargnant en termes de diversification, de souplesse et de liquidité. Les produits d’épargne sont des placements souples permettant d’épargner selon les souhaits et les capacités, et de disposer de cette épargne à travers des retraits (rachats) de façon occasionnelle selon les besoins.
Ces avantages n’étant pas systématiquement offerts par d’autres types d’actifs, peuvent ainsi représenter un élément d’attractivité qui distingue l’assurance Vie comparativement à l’immobilier.
Par Abashi Shamamba -23 mars, 2022