Attachés à la Mutuelle générale des barreaux du Maroc, les avocats résistent au chantier de la généralisation de l’AMO aux professions libérales. L’Association des barreaux du Maroc a relancé les discussions avec le nouveau gouvernement concernant l’épineux dossier de la protection sociale.
Retour à la case des discussions entre le gouvernement et les avocats, au sujet du régime de protection sociale applicable à la profession. Celle-ci compte près de 20.000 avocats inscrits dans 17 barreaux.
Alors que la généralisation de l’AMO pour les professions libérales commence à s’opérer via des décrets spécifiques, les robes noires continuent à s’agripper à leur organisme de prévoyance sociale : la Mutuelle générale des barreaux du Maroc (MGBM), créée en 2007 par l’Association des barreaux du Maroc (ABAM).
« Les professions libérales qui ont adhéré à l’AMO n’avaient pas de protection sociale. Mais les avocats disposent de la Mutuelle générale des barreaux du Maroc depuis 2007 », souligne Me Omar Ouidra, ancien président de l’ABAM, joint par Médias24.
Premières discussions avec le nouveau gouvernement
Également contacté par Médias24, Me Abdelouahed Al Ansari, président de l’ABAM, explique que les avocats « restent accrochés à la Mutuelle pour les nombreuses raisons déjà citées lors de conférences et séminaires de l’Association ». Celle-ci a lancé « les premières discussions » pour connaître « l’avis des différents départements gouvernementaux concernés ».
La communication se fait par l’entremise du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, avec qui l’ABAM s’accorde sur la nécessité de « relancer les discussions », afin de « trouver une formule qui prend en compte les particularités de la profession, et qui respecte le chantier de protection sociale lancé par le Roi Mohammed VI ».
Une première phase de discussions avait été lancée, lors de la précédente législature, entre les avocats et l’ancien ministre de l’Emploi, Mohamed Amekraz. Selon Me Al Ansari, « les discussions avec l’ancien ministre, qui est également avocat et qui comprend donc les contraintes de la profession, n’ont malheureusement pas abouti à un accord ».
Désormais, les avocats préfèrent temporiser et observer l’évolution des négociations avec le nouveau gouvernement, dans l’espoir de trouver une formule consensuelle pour résoudre deux principales problématiques. Il s’agit, selon Me Omar Ouidra, du montant des cotisations proposées dans le cadre de l’AMO, jugées trop élevées par les robes noires. Mais aussi des autres privilèges qu’offre la MGBM, considérés comme « satisfaisants » par la profession.
Le dossier de la protection sociale des avocats est fréquemment abordé par les robes noires, notamment lors de récentes protestations, dont celle des jeunes avocats qui affirment également leur attachement à la MGBM, dont l’existence sera de facto condamnée en cas d’adhésion au nouveau régime de protection fiscale proposé par le gouvernement.
À noter que l’efficacité de la MGBM ne fait pas l’unanimité auprès des avocats. Une partie de la profession, sondée par Médias24 dans un précédent article, critique entre autres le taux de couverture des frais médicaux qui ne dépasse pas les 4%, ajoutant que « beaucoup de cliniques ne la reconnaissent même pas ».
3 décembre 2021 – MEDIAS2