Et si l’avenir de l’industrie d’assurance était paramétrique …

La majorité des innovations dans le domaine des assurances tente à résoudre ou minimiser le fléau numéro un du secteur. A savoir, la gestion des sinistres et tout ce que cela engendre en terme de fraude, de complexité et d’insatisfaction clients …

Ces innovations sont évidemment très importantes, et permettent d’optimiser et d’améliorer le
processus de gestion des sinistres. Néanmoins, le problème peut être totalement contourné en créant une situation où l’assureur n’a plus besoin de gérer les sinistres !
Un tel scénario est désormais possible avec l’assurance paramétrique ou indicielle.

L’assurance paramétrique

Il s’agit d’une couverture basée sur l’utilisation d’un ou plusieurs indices corrélés avec les
dommages subis par les clients.

Exemple: Imaginons un agriculteur qui expérimente des pertes de revenus à partir d’un certain niveau de sècheresse. On l’indemnise alors directement quand le niveau des pluies descend au-dessous du niveau préalablement défini …

Comment ça marche dans la pratique

Tout d’abord, l’assureur étudie une longue série de données historiques d’un paramètre en particulier, et dégage une forte corrélation entre ce dernier et les sinistres survenus. A partir de là, Il propose un produit à ses assurés, où la couverture dépend uniquement de l’évolution de cet indice.

Pendant l’exécution du contrat, des technologies de pointe entrent en jeu, tels que les objets connectés ( IoT ), l’imagerie satellite, les radars ou les sonars … pour surveiller et mesurer ces paramètres en temps réel 24h/24h. Une fois le seuil prédéfini dans le contrat s’est déclenché, l’indemnisation intervient systématiquement (même si aucune perte n’est occasionnée). Le montant du dédommagement est alors forfaitaire et connu d’avance par les deux parties.

A partir de cette définition, il apparait clairement que l’élément déterminant du succès de ce modèle de couverture est l’indice utilisé pour chaque cas. Ces indices valident plusieurs critères, notamment la facilité de mesure et/ou la fiabilité des données recueillies. Et c’est justement pour ces raisons qu’il vaut mieux faire appel à des fournisseurs de données externes ou des tiers de confiance appelés « ORACLES ».

Avantages et limitations

Les avantages:

  • La simplicité d’utilisation et notamment grâce aux nouvelles technologies : La multiplication des objets connectés et l’avènement de la 5G facilitera l’accès aux données et mesures nécessaires pour la souscription mais aussi lors de l’indemnisation. D’un autre côté, les smart contracts assureront la gestion des sinistres et apporteront l’automatisation et la confiance recherchée par les consommateurs.
  • Plus besoin d’expertise: les cabinets d’experts n’auront plus à effectuer des missions dans le cadre de ce modèle d’assurance, car tout simplement l’indemnisation ne dépendra pas de l‘évaluation des pertes. Ceci débouchera sur des économies mais surtout sur une rapidité de traitement des sinistres.
  • Limiter les fraudes: avec ce modèle, les possibilités de fraudes classiques sont virtuellement éliminées puisqu’il serait inutile de falsifier ou de gonfler un dommage…

Les Inconvénients

  • Le principal inconvénient est certainement la précision de la corrélation entre l’indice et les pertes réelles des assurés. Imaginons un assuré qui réalise une perte d’exploitation colossale et ne peut pas prétendre à une indemnisation car l’indice n’a tout simplement pas été déclenché !
  • L’inverse est tout aussi gênant quand un assuré, n’ayant subi aucune perte, est indemnisé suivant le déclenchement d’un indice.
  • L’instauration de cette assurance peut s’avérer coûteuse surtout pour payer des fournisseurs de données fiables. Dans certains cas, les assureurs peuvent eux-mêmes investir dans des solutions propriétaires pour acquérir des données indisponibles chez les fournisseurs.
Utilisation de l’assurance paramétrique

Jusqu’à maintenant ce modèle d’assurance est intimement lié aux événements climatiques, et ce pour des raisons évidentes. En effet les sources de données météorologiques sont disponibles, assez fiables et abondantes pour être exploitées dans ce type d’assurance.

D’un autre côté, Le secteur d’activité qui dépend le plus des variations climatiques est l’agriculture. Il est donc normal que la majorité des solutions développées actuellement autour de ce concept couvre d’abord les dégâts causés par la météo sur le secteur primaire de l’économie.

Chez les assureurs globaux on peut citer les plateformes suivantes : POP STORM de Swiss RE, One Cat de Munich RE ou bien AXA Climate. Les startups ne sont pas en reste : des sociétés telles que FloodFlash, Arbol market ou Blink parametric exploitent aussi cette niche.

Protection contre les aléas du climat, oui mais pas que …

Les possibilités du paramétrique sont encore très grandes et vont largement au-delà de la seule
protection contre le déchainement de la nature. Les domaines concernés –autre que l’agriculture – sont les énergies renouvelables, les infrastructures, le secteur de la santé , le tourisme … Ainsi on peut exploiter une multitude d’indices afin de créer de nouveaux produits d’assurances, à savoir :

  • Les indices d’ordre économique comme l’inflation ou le taux de chômage entre autre qui impactent l’activité des entreprises.
  • Les paramètres de santé publique (très popularisé récemment avec la crise du COVID)…
  • Les paramètres technologiques tels que la disponibilité du réseau Internet ou du service Cloud …
Pour Conclure

L’innovation dans ce domaine n’est qu’à ses débuts et continuera à pousser les limites car elle répond à un vrai besoin du secteur .Le mouvement de la digitalisation, qui est déjà en marche, et la disponibilité de plusieurs technologies de pointe en même temps, participent fortement au développement de cette niche qui ne cessera de bousculer l’assurance indemnitaire.

En France, par exemple, il existe depuis plusieurs années une assurance pour ses vacances. On défini préalablement le nombre de jours ensoleillés, avec un indice de luminosité pré-défini. Si le seuil n’est pas atteint sur un nombre de jours x (c’est contractuel, on défini le nombre de jours minimum d’ensoleillement), l’assurance rembourse les vacances.

Article écrit et présenté par Saad Slaoui pour 212assurances – 23 septembre 2022

Saad Slaoui

Saad Slaoui est de formation Ingénieur Télécom, MBA. Il est Agent Général d’assurance AXA à Rabat et Salé.

Total
0
Shares
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous Article

AtlantaSanad: La sélectivité des risques booste la marge technique au premier semestre

Next Article

L'ACAPS et l'Autorité du marché des capitaux du Sultanat d'Oman sensibilisent ensemble sur le climat

Related Posts